1914/1918

Les Anciens Combattants de la commune créent le 29 janvier 1921 un comité dans le but d’obtenir l’érection d’un monument dédié à leurs camarades morts durant la Grande guerre. Dans sa session d’août 1921, le conseil municipal de Blacourt a décidé de dresser sur le terre-plein de l’ancien cimetière tenant à l’église, le monument aux morts, fruit d’une souscription publique. L’autorisation est donnée par le Préfet le 11 août. L’édifice est en granite de Belgique, en forme de pyramide construit par Decostre Raoul, marbrier sculpteur demeurant à Gournay en Bray, monument auquel on ajoute une urne funéraire également en granite belge. Monsieur Massire, maire de Blacourt l’inaugure en 1922.

Cette guerre a durablement marqué la société française. Toutes les familles ont été touchées, cette génération d’hommes fut anéantie. L’historien Stéphane Audoin-Rouzeau, spécialiste de ce conflit parle de « cercles du deuil ». En effet, ce fut un massacre de masse et un deuil de masse. Combien de personnes affectées autour d’un mort à la guerre ? Difficile à dire : le premier cercle peut être formé de l’épouse, des enfants du défunt, de ses parents et grands-parents, de ses frères et sœurs. Le second cercle concerne ses oncles, tantes, nièces et neveux puis dans un troisième cercle on peut avoir les amis, les cousins, la famille éloignée. Lorsque l’on voit le nombre de noms gravé sur les monuments, on imagine l’impact que cela a eu sur le pays et plus particulièrement, pour ce qui nous concerne, sur Blacourt.

Vingt- trois noms sont gravés. Les évoquer tous est une façon pour nous de leur rendre hommage, et de deviner les drames qui se sont déroulés. Il y a certes la perte, la douleur intime, le deuil mais aussi les situations difficiles dont ont hérité les épouses devenues veuves avec parfois la responsabilité de jeunes enfants voire d’enfants posthumes…

La liste de ces soldats présente tout l’éventail des âges, les plus jeunes avaient dix- neuf ans et le plus vieux quarante-trois. L’année la plus meurtrière est 1917 et les lieux de décès se situe sur tous les fronts, l’Aisne et la Marne concernant respectivement six morts pour la première et quatre pour le seconde. L’un d’eux est décédé en captivité en Allemagne. Un réfugié a été inscrit : Camille Collet en 1916, nous n’avons aucun renseignement le concernant. Aucune information sur Angrand Jules ni à propos de Lefèvre Ernest. Parfois, certains n’habitaient pas Blacourt mais les parents y résidaient. Pour d’autres comme Raymond Dauboin, rien à priori ne le rattache au village et pourtant il doit y avoir une raison. Le cas est identique pour Adolphe Geffroy.

L’étude de ces fiches et de l’état civil (quand c’est possible) est donc riche d’enseignements sur le plan sociologique (métiers, âges au mariage, nombres d’enfants). On peut également observer (comme c’est souvent le cas à cette époque) les grossesses rapprochées et parfois la mort des très jeunes enfants.

Le site de « Mémoire des hommes » et celui des Archives Départementales de l’Oise permettent parfois de retrouver les traces de ces soldats morts pour la France. Modestement, nous avons voulu leur rendre hommage en présentant le fruit de nos recherches sur chacun d’entre eux. Peut-être, certains blacourtois découvriront-ils quelques renseignements supplémentaires sur leurs aïeux.