La fréquentation de l’école

Les registres matricules d’appel nous renseignent, même si c’est de manière lacunaire, sur la fréquentation de l’école des garçons de 1861 à 1884. On note le « comptage de l’école des filles » seulement en 1882 donc après les lois Jules Ferry. Nous pouvons, à titre d’exemple, détailler celui de 1861.

L’instituteur qui produit cet « état des lieux » sur toute la période est François Godo qui vient d’être nommé dans la commune et le maire qui signe le registre est M. Hoeppe.

Pour une population de 553 habitants, ce document comptabilise 61 garçons dont 53 sont des élèves payants nous sommes en 1861) et 8 sont à l’école gratuitement. En réalité 5 enfants du village n’ont pas fréquenté l’école donc le nombre des élèves en âge scolaire aurait dû être de 66. Ensuite nous avons le nombre de mois et d’élèves présents en classe : 7 élèves (dont 1 gratuit précise-t-on) ont suivi la classe pendant 11 mois, 8 pendant 10 mois, 6 pour 9 mois, 11 pour 8 mois, 4 pendant 7 mois, 4 pour 6 mois , pour 5 mois, 9 pour 4 mois, 5 pour 3 mois, 2 seulement 1 mois et 1 n’est allé à l’école qu’un seul mois.

Sur l’année 1866 François Godo note une fréquentation moyenne de 8 mois pour une population de 514 habitants, 54 enfants d’âge scolaire dont 43 furent présents parmi lesquels 37 payants et 6 gratuits.

Si nous prenons l’année 1882 nous avons enfin les chiffres concernant les filles. L’école était dirigée par E. Debout avec pour suppléante Mme Praxède. Il y avait 27 filles de 6 à 13 ans et 19 garçons soit 46 élèves pour 398 habitants.

Il faudrait pouvoir comparer avec un autre village ayant les mêmes caractéristiques pour tenter d’analyser ces chiffres. Cependant, il nous semble que le nombre d’élèves scolarisés et la fréquentation de l’école étaient corrects.

Nous savons que beaucoup d’enfants ont connu une scolarité hachée et de courte durée surtout avant 1881-1882. Cependant, certaines situations ont bien sûr perduré même après l’obligation et la gratuité. Cette dernière fut un acquis indéniable car elle rendait les choses plus justes mais nous constatons que des élèves ont fréquenté l’école gratuitement. Par contre nous ignorons combien de mois dans l’année et surtout les conditions dans lesquelles cette scolarité s’est déroulée (humiliations, vexations…). Un document sur les bénéficiaires de cette gratuité, rempli par les instituteurs M. François puis M.Godo donne quelques détails sur la situation des parents. On les dit indigents ou ayant peu d’aisance. On trouve des manouvriers, journaliers, couturière (une femme élevant ses enfants seule) et autres charretiers. En 1864 sont inscrits 8 filles et 6 garçons admis gratuitement dont 3 enfants de l’hospice de Beauvais.

Même avec l’obligation scolaire, Blacourt voit, comme beaucoup de communes rurales, la fréquentation de l’école perturbée car les enfants en novembre sont encore occupés à garder les bestiaux et ils aident leurs parents pour les travaux des champs selon la saison. Enfin, certains documents font état d’absences d’enfants des hameaux à la mauvaise saison, mettant en cause l’état des chemins et le mauvais temps qui empêchent de se rendre au centre du village.