Les recensements de population

Les recensements de population, même s’ils ne sont pas toujours d’utilisation aisée, sont une véritable mine de renseignements. Nous y trouvons l’évolution chiffrée du nombre d’habitants mais aussi leurs métiers et cela dessine une partie de l’histoire du village. L’analyse n’est pas toujours simple car certaines dénominations changent, comme par exemple pour les domestiques : sont-ils des gens de maisons ou des commis de fermes (c’est le cas le plus fréquent) ou encore nous voyons apparaître au recensement de 1921 55 ménagères…dont on ne parlait pas avant. S’agit-il de femmes au foyer ou d’épouses de cultivateurs ou d’artisans ? On sait que les femmes n’étaient pas déclarées dans ces ménages. D’anciennes professions apparaissent puis disparaissent. Blacourt comptait en 1886 un cantonnier de Chemins de Fer et des gardes-barrière, un cocher, un voiturier, 2 nourrices, des couturières. Puis en 1896 apparaissent des brossières, en 1931 un bourrelier, plus tard un maréchal-ferrant, un marchand de veaux, un marchand de biens… un meunier car il y avait 2 moulins à eau (celui d’Avelon et de la Boissière). Métiers qui disparaissent dans les derniers recensements.

Nous avons choisi d’étudier les recensements de 1886 à 1931.

1886 pour avoir une image du village à la fin du XIXè siècle, puis de l’avant- première guerre mondiale et ce jusqu’en 1936. Il eût été intéressant d’avoir au moins les deux premiers recensements de l’après seconde guerre mondiale. Cependant les archives départementales n’ont numérisé ces comptages que jusqu’en 1936. Les recensements ont lieu tous les cinq ans. Pendant la guerre 1914-1918 celui de 1916 n’a pas été fait, et après la guerre de 1939-1945 il faut attendre 1946 pour que cela reprenne.

Cela étant dit, les renseignements sont d’une grande richesse.

Intéressons-nous d’abord au nombre d’habitants. Il totalise (et on fait la distinction entre le village-centre et les hameaux dont certains ne comportent qu’une ou deux fermes) le centre du village et les hameaux. En 1881 les « écarts » comme ils sont appelés ou « populations éparses » sont : La Haute Rue (27 maisons), l’Avelon (11 maisons), Montreuil (10 m.), Les Landrons (5 maisons), Le Bray de la Haute Rue (2 maisons), le Bray de Montreuil, le Méhet, la Boissière et Le Bois des taillis avec chacun une maison. Un ensemble de 203 habitants auquel on ajoute les 221 de la « population agglomérée » du centre soit un total de 424 individus.

Ce chiffre va se maintenir jusqu’au comptage de 1901 où l’on constate une première baisse avec 409 habitants puis une baisse plus significative en 1911 avec 363 individus. Est-ce à mettre en rapport avec une légère augmentation du nombre de personnes travaillant dans le tertiaire (22) et donc moins de cultivateurs ? Quoi qu’il en soit jusqu’en 1936, on ne trouve plus une population supérieure à 400 habitants. .Après la guerre de 1914-1918 les « effectifs » remontent à 388 pour se maintenir jusqu’en 1931 (354 hab.) et pour redescendre à 295 en 1936. Au niveau national, c’est la période creuse sur le plan démographique, liée entre autres à la baisse des naissances imputable à la première guerre mondiale. Peut-être cela touche-t-il Blacourt. Il semblerait aussi pour le village que les ouvriers d’usines soit moins nombreux, peut-être ont-ils déménagé ? C’est une hypothèse.

Les recensements nous donnent une photographie (pas toujours très précise mais quand même) des activités de la population. Le problème, déjà évoqué, étant que la plupart du temps on ne donne que le métier du chef de famille, or nous savons que les femmes travaillaient aussi avec leur époux à la ferme, dans l’atelier ou dans le commerce.

Le secteur qui arrive en tête à Blacourt, ce n’est pas un scoop, est celui du primaire. Il comptabilise les métiers liés à l’agriculture, à la mine et à la sylviculture. Ce secteur est largement en tête jusqu’en 1911. Il le reste ensuite mais se voit rattrapé par le secondaire. En effet si la plupart des habitants sont cultivateurs, on trouve à Blacourt un certain nombre d’ouvriers en céramique (18 en 1886), d’ouvriers en carreaux (chez un certain Colin), d’ouvriers potiers, 25 ouvriers d’usine en 1921 chez un Lecacheur, ou encore en 1931 des ouvriers de fromagerie (celle de La Chapelle aux Pots).

Blacourt compte aussi, comme c’était le cas dans au XIXè siècle et ce jusqu’à la seconde guerre mondiale, un certain nombre de rentiers. Femmes comme hommes, ils étaient 8 en 1886, 12 en 1896 puis jusqu’en 1936, leur nombre tomba à moins de 4. Ce phénomène se constate également sur le plan national. La terre rapportait moins et les grandes familles riches disparaissaient peu à peu de Blacourt.

Nous avons donc un village d’agriculteurs mais où l’on trouve également beaucoup d’ouvriers d’usines liés au travail de la poterie dans cette région du pays de Bray.